Faim dans le Monde
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~~~~~~~~ Somalie,Somaliland, Kénya, Corne de l'Afrique : solutions politiques proposées par Hervé Cheuzeville ~~~~~~~~
( publié le 17 août 2011 -
Dern. mod. le 26 août )
( page objet de modifications )
Hervé Cheuzeville, journaliste, auteur de trois livres sur l’Afrique et ex-humanitaire a travaillé notamment pour le PAM en Ouganda .
Pour pallier à la famine dite de la Corne de l'Afrique cet auteur propose avant tout des solutions politiques.
Afin de bien juger de l’intérêt de ses propositions nous résumerons tout d’abord le constat qu’il fait de la situation .
Certaines des graves accusations qu’il formule demanderaient soit une claire démonstration soit des réponses limpides de la part de personnes publiques censées pouvoir les infirmer ou les confirmer
D’autres assertions suggèrent des incertitudes.
Pour autant l'analyse de Hervé Cheuzeville mérite attention (d’autres observateurs tiennent, pour l’essentiel, des propos similaires ).
LES PRINCIPALES CAUSES DE LA CRISE HUMANITAIRE
Sans nier l’impact de la sécheresse, Hervé Cheuzeville considère comme principale cause de la crise dans la Corne de l’Afrique : le chaos engendré par les conflits armés.
Un chaos qui s’éternise depuis plus de 20 ans et où les régions les plus touchées sont sous le contrôle des Chebab.
Ce qui selon lui rend toute opération humanitaire du PAM inefficace [1 ]
(Ce chaos est également dénoncé par d’autres anciens humanitaires qui semblent y voir,eux aussi, la cause principale de la famine ; notamment Rony Brauman ex-président de Médecins Sans Frontière et Sylvie Brunel ex-présidente d’Action Contre la Faim.)[2]
Autre cause de la crise énoncée par Hervé Cheuzeville : les énormes dépenses militaires de l’Ethiopie et de l’Erythrée . Selon lui, ces deux pays après s’être disputé la frontière s’équipent en prévision d’une prochaine guerre monopolisant ainsi et l’argent, et les hommes (en majorité des agriculteurs) .
Troisième cause : la confisquation des terres des petits agriculteurs au profit de gros industriels .
Ainsi en Ethiopie, la cause principale de famine est une politique gouvernementale absurde où les petits paysans ont été dépossédés de leurs terres au profit de grandes compagnies nationales et internationale voulant produire de la canne à sucre.
" Or, on ne peut pas se nourrir de canne à sucre alors que, depuis des temps immémoriaux, les populations locales parvenaient à survivre grâce au millet et au sorgho qu’elles cultivaient. "
(Ici, il se réfère à un dossier de Survival International .)
Quatrième cause: la corruption et la spéculation
<<De grands commerçants, associés à des ministres et hauts fonctionnaires corrompus, profitent de la sécheresse annoncée en stockant les céréales achetées aux petits paysans, afin de faire monter artificiellement le prix des denrées de bases.>>
LES DISCOURS DES GRANDS MEDIAS JUGES ALARMISTES ET CARICATURAUX
Comme Rony Brauman , Hervé Cheuzeville conteste avec véhémence, le nombre de 12 millions de personnes menacées par la famine.
En outre, l'Ouganda, dit-il, n'est pas assimilable à la Somalie: c'est un pays verdoyant très riche en terres fertiles,seule une petite région aride pourrait s'y apparenter, mais ses habitants ont depuis des siècles utilisé des techniques spécifiques pour combattre la famine.
Hervé Cheuzeville situe les principales zones menacées de famine, au sud de la Somalie,au camp de Dadaab, au sud de l'Ethiopie et sans doute aussi au nord du Kénya .
Là encore, il est rejoint dans son discours par R. Brauman et S. Brunel. Tous deux précisent en effet que la famine s’est déclarée uniquement dans des poches de région et non dans toute la Corne de l’Afrique.
Sylvie Brunel met l’accent sur le fait que les populations concernées sont des Somalis: nomades vulnérables par leur mode de vie et souvent méprisés des sédentaires y compris par les dirigeants des pays eux-mêmes... .[3]
UN CAMP DE REFUGIES SURDIMENSIONNE QUI FAVORISE LA CORRUPTION
En ce qui concerne les réfugiés, H. Cheuzeville met à l'index le HCR, le gouvernement Kényan et la communauté internationale . En effet,selon lui, ces responsables ont laissé se développer l'immense camp de Dadaab au Kénya dans une zone semi-désertique (Ce camp compterait 440 000 réfugiés alors qu'il était conçu pour en accueillir 100 000).
Mais une telle démesure incombe avant tout à la politique des dirigeants kényans qui depuis plus de 20 ans auraient refusé de répartir les réfugiés sur des camps plus petits. Ces camps plus humains auraient pu favoriser la reprise d'une auto-suffisance alimentaire.
En réalité, toujours selon cet auteur, le Kénya est un pays artificiel qui fut créé par le pouvoir colonial. Il est constitué de multiples ethnies parmi lesquelles les Somalis. De par leur identité, les Somalis sont très proches des Somaliens.
Intégrer trop bien les Somaliens au Kénya c'était sans doute courir le risque de revendications légitimes mais gênantes. (D’où le désir de les tenir un peu à l'écart.)
Probablement des pressions internationales auraient-elles suffi pour que les Somaliens soient mieux intégrés.
Le camp de Daddab s'avère ingérable et correspond au carrefour de tous les trafics. Le nombre même de ses réfugiés est délibérément grossi (par des dirigeants et des administrateurs) : ce qui permet de recevoir une aide humanitaire plus importante et d’en retirer d’énormes sources de revenus illicites.
Les bénéficiaires sont multiples : “fonctionnaires kényans corrompus, bureaucrates onusiens véreux, chefs somaliens cupides et commerçants profiteurs”.
En effet, explique-t-il, l'aide en excès, ( de denrées alimentaires et de matériels),est immanquablement revendue.
D'où une économie parallèle générant des fortunes colossales. Plus grave : il est probable que les Shebab eux-mêmes soient parmi les premiers bénéficiaires de cette aide excédentaire.[4] :les Shebab exercent sur le camp de Dadaab un contrôle officieux.[5]
PROPOSITIONS DE SOLUTIONS POLITIQUES (STRATEGIQUES )
A partir de ce constat H. Cheuzeville propose les pistes suivantes :
-répartir les réfugiés de Dadaab dans des camps plus petits à taille humaine (ces camps seront plus faciles à gérer et à contrôler);[6]
-réduire le pouvoir de nuisance des Shebab non pas par une intervention militaire occidentale mais par une aide matérielle et financière aux troupes de l'Union Africaine lesquelles depuis des années, soutiennent le gouvernement de transition; [7]
-sécuriser la ville de Mogadiscio, son port et son aéroport, ce qui faciliterait sans doute une intervention humanitaire à grande échelle;[8]
-réaliser , à la frontière somalienne, sous mandat de l'Union Africaine et de l'ONU une zone humanitaire de 50 à 100 kms de large .Cette zone serait administrée par le gouvernement somalien de transition;
-faire admettre une reconnaissance internationale de l'indépendance de la République du Somaliland ( partie Nord-Est de la Somalie à l’écart des conflits ) ; ce qui permettrait une nouvelle zone refuge pour les Somaliens.
Hervé Cheuzeville conclue en souhaitant une meilleure transparence des différents acteurs sur les causes réelles de la crise comme sur le nombre réel de victimes potentielles.
La solution à la crise humanitaire de la Corne de l'Afrique passe, de toute évidence, par cette transparence.
CONCLUSION
Par rapport à de nombreux commentateurs, l’analyse de Hervé Cheuzeville ne porte pas sur une remise en cause des modes de subsistance ou d’un environnement qui serait hostile.
Elle porte essentiellement sur l’oppression meurtrière des conflits, sur l’insalubrité du camp de Dadaab, sur la corruption de responsables, sur les politiques insatisfaisantes voire aberrantes de dirigeants (Kénya, Ethiopie,...) mais aussi sur le manque de volonté politique de l’aide internationale
Cette volonté qui pourrait résoudre les problèmes à l’amont : en concertation avec l’ONU, les gouvernements concernés (Kénya, Ethiopie, Erythrée, Somaliland,Ouganda,Djibouti,... ) et les pays dits de “grande puissance “ (Mais tout pays de moindre puissance, si petit soit-il, n’est-il pas lui aussi susceptible d’influer sur le cours des choses ? )
Est ainsi rejoint l’analyse de Sylvie Brunel selon laquelle c’est aux états , en premier lieu, à prendre leurs responsabilités.
(D’autant plus qu’il est une autre cause de la famine non énoncée ici,où nos chers états ont un rôle à jouer, du moins à l’égard de certains pays comme l’Ethiopie, l’Ouganda , le Kénya : la dette.[2] )
Tout ceci, n’interdit en rien, vous en conviendrez, de poursuivre le programme d’aide d’urgence pour tenter de sauver un maximum de personnes menacées. En s’efforçant de maîtriser, par une coordination et transparence optimales, les besoins réels et la destination des dons.
Lilian Brunel
(août 2011)
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Notes
-le 25 juillet des médias font savoir que la ville de Baidoa au Sud-Ouest de la Somalie est desservie par une aide humanitaire de l’ONU
-Le 5 août déclaration de la FAO (extrait ):
La FAO a souligné qu'elle a été en mesure d'intervenir efficacement dans les zones les plus touchées par la crise, y compris la Somalie, là où d'autres organisations et agences se sont vu restreindre l'accès.
[2]Causes principales: comme autre cause profonde, la dette, (dénoncée par de nombreux auteurs): la dette redevable à des banquiers ou organismes de prêts des pays riches interdit aux pays du sud de maîtriser leur avenir tout en les incitant à des choix de développement spécifiques. Ces choix s’avèrent souvent préjudiciables aux populations, mais aussi à l’environnement (monocultures intensives par exemple...)
[4] aide excédentaire : observons qu’il s’agit ici d’aides en excès et non d’aides détournées. Si de l’aide est en excès, en raison du nombre de réfugiés exagérément grossi, cela traduit une information qui, quelque part, fait défaut. Donc, cela suggère la nécessité sur le terrain, d’une présence de personnes veillant à réaliser des diagnostics exacts. Et certainement aussi la nécessité d’une coordination sans faille entre toutes les organisations humanitaires.
Problème éventuel: certains auteurs dissertant sur les famines en général, font remarquer que parfois ce sont les autorités locales qui imposent leurs diagnostics...
[5]contrôle officieux des Shebab: 17 août , annonce de France Inter: dans le camp de Dadaab,des groupes armés s’en prennent à des réfugiés, leur interdisant l’accès à la nourriture. Il n’est pas dit cependant s’il s’agit de Shebab.
[7] aide des troupes de l’Union Africaine :
[8] sécuriser Mogadiscio : ces jours-ci, les troupes de l’Union Africaine auraient chassé provisoirement les Shebab de Mogadiscio. Cependant,des poches de rebelles subsisteraient .
[9] indépendance du Somaliland: selon le HCR, de nouveaux mouvements rebelles sont apparus au Somaliland, mais aussi au Puntland.Ils auraient des liens avec ceux du sud et du centre de la Somalie. Ces mouvements revendiquent l’appartenance de ces petits pays à la Somalie. Le HCR craint qu’une montée de la violence entrave là aussi des opérations humanitaires qui y sont menées.
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Principales références:
-Corne de l’Afrique , chronique d’une tragédie annoncée
( H. Cheuzeville-Nenfoziga.in (lien invalidé, 2019)
-Crise humanitaire dans la Corne de l’Afrique : quelle crise, quelle corne ? (H. Cheuzeville-Echo.Afrique )
-Interview (Ziegler,Vigneau, Brauman, Raincourt :
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page non achevée :
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FAMINES:
Début des années 1980, Ethiopie:
1 million de morts .
1984, Soudan: 200 000 morts
1992 , Somalie : 300 000 morts
2011, Corne de l’Afrique
famine au 20 juillet :
plusieurs dizaines de
milliers de morts...
Et pendant ce temps, ...
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Tous les spécialistes s'accordent à le dire: la faim n'est pas une fatalité.Diraient-ils le contraire, il importerait tout autant d'inverser le cours des choses.
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(auteur de ce dossier faim dans le monde : Lilian Brunel )
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