Cri d’alarme d’un forestier : forêt française menacée 
    
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Forêt Française menacée (2)

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Forêt  
française 
menacée: 
Cri d’alarme d’un forestier 
 
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Forêt française menacée: cri d'alarme de Guy Rochon,forestier

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(publié le 19-6-11,forme mod. le 19/7/11)  
 
Avant de lire ce qui suit, il est conseillé de consulter la  page précédente  :               
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Le texte ci-dessous écrit par Guy ROCHON   a pour objet premier la forêt savoyarde des Bauges certes; mais qu’on ne s’y trompe pas :c’est bien toute la forêt française qui est concernée. 
 
Oui, la forêt française est menacée et avec elle la forêt de montagne. 
Non, personne n’a jamais dit que la forêt française métropolitaine est menacée de disparition  ni même de recul [1] .  Mais cela n’autorise pas à en déduire qu’elle n’est pas menacée. Même si le directeur général de l’ONF, lui-même, s’autorise à cette déduction ...  
La forêt française n’est pas menacée de disparition mais elle est menacée !  
En quoi donc y a-t-il menaces et en quoi les discours dominants actuels sur la forêt française s’avèrent-ils insidieux ?  
L’essentiel de la réponse est contenu dans le texte qui suit. Mais encore faut-il prendre la peine de le lire  attentivement. Et cette réponse  a d’autant plus de valeur qu’elle émane d’un homme de terrain, ex-forestier de  l’ Office National des Forêts (ONF). 
 
Lilian Brunel 
[1] à l’instar de la forêt d’Amazonie, de l’Est Afrique, de l’Atlantique,... Ou de la forêt “française” de Nouvelle Calédonie  
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Mesdames et Messieurs les Maires du canton du Châtelard. 
Monsieur le conseiller général 
Monsieur le président du Parc Naturel Régional des Bauges 
 
   Ancien forestier, je ne peux passer sous silence les atteintes possibles à la forêt baujue. Des risques de surexploitation existent, ils sont le résultat de directives nationales qui demandent à la forêt française de « produire plus ». Et cette demande n’est pas acceptable sur le principe, surtout en ce qui concerne la forêt publique déjà largement exploitée, parfois au-delà de ses possibilités réelles. Je vous livre à la lecture ce long commentaire qui est fait uniquement pour poser les questions et aussi pour permettre à la forêt de mieux se porter à l’avenir. Merci. 
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Quelques remarques…pour mieux comprendre les dérives d’un système qui risque de malmener durablement les milieux forestiers. 
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A propos du Grenelle de l’Environnement et des directives nationales concernant la forêt française, il a été dit : « En 25 ans, la production biologique de la forêt française a progressé de 30%, la récolte est restée stable ! » 
Dans son rapport sur la forêt, Hervé Gaymard, président de l’ONF dit : «  De 1966 à 2010, la récolte en forêts publiques a progressé de 64 % »  ( voir le graphique sur les prélèvements forestiers et les ressources financières)  
Alors, que faut-il croire ? 
 
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« Gérer, c’est prévoir pour demain, après-demain…pour les générations futures. Le court terme n’existe pas en matière forestière. L’unité de mesure est le siècle ! » 
 
Sur le fond, Natura 2000 est une bonne chose car ses objectifs sur le papier, impliquent un respect de la nature avec un développement raisonné de l’activité humaine. C’est donc un objectif défendable. 
Sur la forme, on est hélas bien loin de la réalité et en ce qui concerne la forêt publique : on peut même être inquiet ! 
 
Si l’ONF «  joue le jeu Natura 2000  en réunion » pour les forêts qu’il gère… sur le terrain il en est tout autrement. 
Lors de débats, après des discours optimistes sur ce dossier, il semblerait que la forêt baujue n’ait pas de problèmes…; on ne parle que de croissance, d’expansion et de sous-exploitation…; que les rendements nationaux indiquent un accroissement de la forêt en surface (ce qui est vrai depuis 100 ans !  ce n’est pas nouveau…) et donc qu’il faudra exploiter d’ici à 2020, 21 millions de M3 supplémentaires soit 50% de plus qu’actuellement (lettre Sarkozy à Gaymard, président de l’ONF) dont 5 millions pour les seules forêts publiques ( + 25%).  
 
Les gros efforts de reboisements en France remontent à l’après guerre, ils ont déjà 60 ans d’existence pour la plupart  et l’IFN les a déjà pris en compte et inventoriés plusieurs fois ! La montée en puissance de la forêt est progressive et les différentes structures de gestion et d’exploitation ont déjà pris en compte cette problématique…ce n’est pas quelque chose de nouveau. Sur les trente dernières années, la progression des volumes mobilisés a été de + 43% en forêt domaniale et + 40% en forêt des collectivités (source : rapport de la « Cour des Comptes » et de + 64,28% entre 1966 et 2010 ! (rapport GAYMARD) où est donc la sous-exploitation
 
La problématique du réchauffement climatique et l’accroissement forestier supposé ne se sont pas non plus fait du jour au lendemain…Le fonctionnement de la nature n’est pas aussi rapide et réactif que les décisions ministérielles ! Du jour au lendemain, son rendement en volume ne peux pas passer à + 40% ! 
Out ! La tempête de 1999 et ses 45 millions de m3 par terre, 1,5 million d’hectares détruits pour une longue période de 50 ans à 150 ans, le 1/10 ème de la forêt française ! Et pourtant, tout va bien puisqu’il est prévu d’augmenter la production nationale de 40% en quelques années, d’ici à 2020 ! Et pour toujours … 
 
A une réunion à la Maison du PNR des Bauges au Châtelard, la « sous-exploitation de la forêt » a été relevée à de multiples reprises par les intervenants et chaque participant a pu entendre cette messe que l’on nous rabâche un peu trop.  
L’ONF et ses responsables départementaux confirment une forêt publique en bonne santé, sous-exploitée et qui peut encore supporter des prélèvements plus forts !! C’est un discours politique, conforme aux directives nationales… Quel irréalisme inquiétant ! On n’a parlé que de son rôle de production de bois, de volumes à récolter tout cela avec un discours rassurant sur l’écologie de la forêt ( écologie-spectacle  avec ses deux arbres creux à l’hectare pour rassurer le public) !… 
 
Impasse totale sur ses fonctions écologiques, environnementales, sociales et culturelles et son rôle de protection en montagne qui devrait être une préoccupation majeure pour des gestionnaires de milieux naturels : les avalanches, l’érosion des sols, les chutes de pierres et la préservation des habitats faunistiques et floristiques…sans oublier l’aspect visuel du couvert forestier. Pour répondre à des besoins accrus de bois, doit-on déstabiliser des forêts de montagne, sur forte pente, en faisant l’impasse sur les plans de gestion de l’ONF ? Qu’en pensent les Co-gestionnaires de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage des Bauges ? Et le PNR ? Quelle position ?  
 
Je suivrai de près l’installation programmée de lignes de câbles pour exploiter en forêt domaniale de Bellevaux, au cœur de la Réserve Nationale de Chasse des Bauges, des forêts sur forte pente, autrefois préservées de toute exploitation, déjà traversées par plusieurs couloirs d’avalanches où les enjeux de protection et d’impact visuel seront très importants, sans oublier les risques humains de chutes de pierres lors de l’exploitation, dans un secteur très fréquenté par les randonneurs…; tout cela pour un revenu financier négatif !( Forêt domaniale). 
 
La réalité écrite et chiffrée de la forêt publique, c’est : source IFN, une production nationale inférieure à la forêt privée : 6 m3/ha /an pour 8 m3/ha/an en forêt privée. C’est bien le résultat direct d’une exploitation plus forte, plus intensive en forêt publique avec comme conséquence, un volume total sur pieds à l’ha plus faible de 25% (moins d’arbres, moins de volume). L’ONF dit que la forêt privée est sous-exploitée (parfois) mais c’est surtout la forêt gérée par l’ONF qui est trop exploitée, le constat de terrain est sans appel ! (Voir aussi les plans de gestion de l’ONF pour chaque forêt) 
 
L’ONF a également confirmé que les rotations (passages en coupe dans la même parcelle) seraient raccourcies, elles sont passées progressivement de 15 ans à 10 ans…(voire moins); c’est vicieux car invisible de la plupart des personnes; de même le diamètre d’exploitabilité est lui aussi revu à la baisse ce qui fait que l’on coupe des  
arbres de plus en plus petits et jeunes, les éclaircies seront également plus fortes, pour paraît-il résister aux tempêtes…( lire le rapport de l’INRA !) 
La densité des peuplements forestiers est déjà faible pour beaucoup de forêts…; voir les normes sylvicoles avec les surfaces ’ terrières’ ainsi que les rendements volume à l’hectare...  
Les conséquences en seront : disparition de certaines classes d’âge  ( les plus vieux), des arbres plus courts mais aussi plus branchus, plus coniques et avec une structure des peuplements bouleversée avec une régularisation des peuplements qui va à l’encontre de la futaie irrégulière préconisée en montagne ! 
 
Que fait-on du guide de sylviculture des forêts des Bauges qui préconise la futaie irrégulière, le respect de toutes les classes d’âge…et les directives de Natura 2000 ?... 
Des chercheurs du CEMAGREF ( institut de recherches en Ingénierie de l’Environnement) disent que la «  sylviculture intensive menace la diversité biologique…les forêts exploitées intensément abritent un éventail d’espèces vivantes plus réduit…Ces résultats mettent en évidence la nécessité de conserver des forêts anciennes… » Message de scientifiques qu’il faut prendre en compte ! 
 
Les chercheurs de l’INRA, eux aussi, dans une note de juillet 2009 sont très critiques sur la gestion forestière actuelle de l’ONF, ils disent : « L’association d’une sylviculture de type intensif et en même temps de la biodiversité est écologiquement impossible… » Ils disent aussi : «  Les gens bien informés le savent bien…Il reste à espérer que ce honteux camouflage en vert ne soit pas suivi trop à la lettre dans les régions forestières françaises, et que des initiatives locales positives de forestiers compétents et responsables puissent s’exprimer pour sauver réellement ce qui reste de biodiversité forestière… » Au moins, c’est clair ! 
 
Ces constats de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) sont sévères, et il y a aussi d’autres remarques qui concernent l’accumulation de carbone, la nécessité de conserver des forêts anciennes, la résistance des peuplements forestiers au vent et les densités forestières trop faibles… Des notions qui contredisent les discours actuels… A lire obligatoirement ! 
 
En SAVOIE  Il a même été dit  que certains scieurs ne voulaient que des arbres plus petits en diamètre à cause de leurs machines à scier…c’est un comble ! Ce serait une sylviculture faite pour l’industrie ! Pauvre forêt !  
Out son fonctionnement naturel…son écosystème et ses fonctions sociales… On est loin de NATURA 2000 qui préconise une forêt équilibrée dans ses classes d’âges, variées dans sa composition et exploitée raisonnablement en préservant aussi les gros bois… 
La réalité de la forêt gérée en Bauges c’est  (sources plans de gestion ONF pour chaque forêt, à consulter en mairies.)
-une productivité de 2 à 5m3 / ha /an… (on est loin des chiffres officiels de l’IFN...). 
-des volumes sur pieds en baisse presque partout, forêts communales, forêts domaniales et départementales, des rendements à l’ha. en baisse aussi…, reconnus donc par ces plans de gestion où parfois les mots surexploitations sont prononcés et également les phrases «  réduction des prélèvements avec augmentation de gros bois. » ! (C’est bien de l’admettre). 
Alors ? Comment prélever plus ? Comment répondre à la demande de l’Etat d’augmenter la production ANNUELLE de 5 millions de mètres cubes à prélever dans les forêts domaniales et communales ? 
 
Les conséquences de ces surexploitations seront catastrophiques pour les forêts concernées ! On ne pourra pas sans risques, récolter des bois n’importe où ! Il y a des zones d’altitude ou de forte pente où le forestier a un devoir de préserver ces peuplements pour des raisons d’éthique, de protection contre les avalanches ou phénomènes d’érosion, et aussi pour préserver certains milieux forestiers très fragiles que sont les forêts d’altitude appelés ; zones de combat » où vivent une flore et une faune très particulières. Classons ces forêts « haut perchées » en réserves biologiques intégrales, si utiles pour la biodiversité et sans aucun intérêt sur le plan économique.  
Trop couper maintenant se paiera obligatoirement dans les années futures par une baisse importante  de la récolte que l’on perçoit déjà sur certaines forêts communales. 
Ecoutez les forestiers de terrain ( sur le net ), ils souffrent en silence des atteintes portées aux forêts qu’ils défendent ! Ils savent d’expérience que la situation est grave ! Pourquoi les belles forêts de certains secteurs du massif des Bauges, seraient-elles devenues parce qu’elles sont riches en bois, riches en diversités, riches en gros bois…des exemples à ne plus suivre !  
Ecoutez aussi les anciens bûcherons, exploitants forestiers…usagers de la forêt, ils parlent ! 
 
Dernière interrogation : comment se fait-il que l’on puisse faire l’impasse sur tous les aménagements forestiers en vigueur ! Sont-ils faux ? Et pourquoi l’ONF ne défend-il pas son outil de gestion ? Sa crédibilité future en ce qui concerne l’élaboration des plans de gestion pourrait en être remise en question ! Juste un peu de courage ! Respectons ces documents de gestion actuels et non les nouvelles directives nationales  déconnectées de la réalité de terrain ! Il ne peut pas y avoir de double discours de la part des gestionnaires, celui de dire «  Qu’il y a trop de gros bois et qu’il faut éclaircir plus fortement » et en même temps de dire que les forêts sont trop pauvres à cause de la gestion passée ! 
 
Personnellement, je préconise, au vu des documents d’aménagements forestiers actuels et de la situation de terrain, un moins coupé de 25% en forêts publiques ! 
En 2010, une coupe définitive (coupe rase) a été réalisée en forêt communale de Doucy en Bauges, conjointement avec une coupe privée sur forte pente,( exploitation par câble)…un bel exemple de (non) gestion forestière conforme aux directives du PNR et Natura 2000… ? Une parcelle forestière détruite pour plus d’un siècle, pour quel bénéfice… ?  
A qui le tour ? Domaniale de Bellevaux…? 
Il n’est pas trop tard pour réagir. 
 
Respectons les rythmes de la vie forestière, la sylviculture doit être dictée par les réalités du milieu et non par des impératifs économiques ou politiques !…; il en va de la crédibilité des gestionnaires… 
 
Guy ROCHON 
Janvier 2011 
 
 
Références consultables :  
Lettre de mission du président SARKOZY et discours à URMATT  
Rapport Hervé GAYMARD  
Rapport de la Cour des Comptes  
Rapport au Sénat  
Note technique du CEMAGREF sur la sylviculture et la biodiversité.  
Note technique de l’INRA sur la gestion sylvicole et le réchauffement climatique…  
La charte forestière du Massif des Bauges  
Charte Natura 2000  
Charte forestière du Territoire  
Plans de gestion forestière de l’ONF …  
Histoire du service forestier en France  
Journal « L’élu d’aujourd’hui » : service public forestier en danger…  
ALERTE Monin…appel à mobilisation…la disparition du Régime forestier…  
Les forestiers de l’ONF mobilisés….  
Petit diaporama sur la forêt des Bauges  
 
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Note de Montagne-protection  
Pour mieux saisir tout l’intérêt de ce texte voir : 
 
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Forêt publique (dite domaniale) de Bellevaux  en Savoie. 
Rien n’arrête la main de l’homme : 
pas même ces très fortes pentes 
pas même ces imposants couloirs d’avalanche.  
(Ici, le chantier forestier a débuté...) 
 
 
 
 
 
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