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Poème : A Toi (hommage d'un fils à sa mère ). Mot clé: amour

 
 
 
 
 
 
Poèmes 
 
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A Toi... 
( hommage d'un fils à sa mère ) 
 
 
 
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Pyrénées, Montagne menacée !
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A Toi...

Hommage à ma mère

 
(poème écrit voici quelques années et publié ici même, le 11-4-09 après de très longues hésitations quant à la décision de le publier... ) 
 
Ce poème est dédié à Marcelle Brunel [1]  en particulier, humble villageoise d'une vallée de montagnes, mais aussi à tous ceux qui, par delà les détails, le temps et  la vie,  malades ou serviteurs, y reconnaîtront leur propre histoire. 
Tout est authentique dans cette histoire : aucun mot n'a été choisi pour l'unique désir de versifier. 
Aussi, la lecture de ce poème est-elle vivement déconseillée à toute personne ne sachant  lire avec son coeur. 
 
[1] De son nom de jeune fille: Estalella, qui signifie Etoile 
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A Toi... 
 
 
 
 
Enfant, je fus souffrant, 
Garches ou Purpan ,m'y menant, 
Tu pleurais secrètement. 
Mais, près de moi, tu jouais, 
Tu souriais, tu chantais. 
 
D'abord, sans le savoir, je t'ai aimé; 
Sans savoir ce que veut dire  aimer. 
De l'amour, peu tu en parlais ; 
Tu le donnais, tu le vivais, tu l'étais.  
 
Adolescent, adulte aussi, 
Tu me servais,  tu m'assistais. 
Et de me voir tel un mouflet, 
Je te le reprochais... 
 
Pour le Mont Teinc, pour les Caoussis, 
Je te délaissais, je  t'inquiétais. 
Et de  te voir ainsi préférée, 
Tu me le reprochais... 
 
Au lycée ou en ville, 
Dans les prés et les champs, 
En tous lieux où défilent 
Tant de gens clairvoyants,  
A leur image, à leur regard, 
Je te rêvais scintillante. 
 
J'inclinais à les croire 
Stars ou sages, sans écart.  
Et de toi ne pas voir, 
Ton éclat, ton savoir... 
 
A  vingt-et-un ans, 
Seul, deux mois,  
Comme un roi, 
Comme un grand, 
Loin d'ici, 
Je partis. 
 
Mais, à l'autre bout de la Terre 
Sur une haute  cordillère, 
Happé,  
Affamé, 
J'eus  peur,  
Non de périr de froid, 
De faim ou d'effroi, 
Mais  de périr si loin, 
Si loin du pays   
Et des miens. 
 
Je découvris, ainsi,   
Éloquemment, 
Et pour la vie, 
Les vrais élans 
De mon coeur. 
 
 
 
 
 
 
.Montagne-protection.org 
page 1 
 
 
 
 
 
 
 
Fleurs des montagnes: A Toi (Poè 
 
 
 
 
 
Je te retrouvais, 
Reine  de fraternité : 
Enjouée, enthousiaste; 
Dynamique, rayonnante; 
Irritante, rarement; 
Sociable,constamment; 
Serviable, admirablement. 
 
Il reste  vain  
De vouloir  décrire  
Un être humain, 
Quel qu'il soit. 
Mais si pour toi,  
Seuls, deux mots 
Je devais retenir, 
Deux mots à clamer bien haut, 
Ce serait, sois-en sûre : 
Simple et pure. 
 
Du tort, de rares fois  
Certes, tu m'as fait.  
Mais qui n'est maladroit ? 
Et des roses du rosier,  
D'une épine sur le doigt, 
D'un regret étouffé, 
Qui n'en souffira ? 
 
Moi-même ne fus guère 
Le fils parfait. 
Certains, sévères, 
Me jugèrent 
Égoïste, désinvolte. 
En vrai, silence c'était : 
Je cachais  mes révoltes, 
Je masquais mes souffrances, 
Je quêtais l'espérance. 
 
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A trop vouloir fuir  
Le mal que l'on craint, 
Hélas, on l'aspire,  
Et  il  vient. 
Préoccupée, à l'excès,  
Par les  travers de la santé, 
Tu offris  trop de confiance  
Aux hommes  dits de science. 
 
Soudainement déprimée, 
Seulement déprimée, 
Tu rentras à l'hôpital. 
Le remède  nous fut fatal : 
Tu en ressortis effondrée,  
Hébétée. 
Amputée de ta mémoire. 
Dépouillée de ton histoire. 
Élaguée de ta générosité. 
 
Jamais je n'oublierai 
De ce lieu hospitalier, 
Cet état d'ébriété  
Pitoyable, 
Qu'il t'avait injecté. 
Avec ce regard  hagard, 
Cette odeur lamentable, 
Ces drogues de la mort, 
Qui sortaient de ton corps. 
 
Jamais je n'oublierai 
Cette suffisance affable 
D'une science qui s'égare. 
- Poésie: "A Toi", page 1 -
© 2009- Lilian Brunel montagne-protection.org
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
                   
Pyrénées, Montagne menacée !
 
 
 
Si tu repris goût à la vie, 
Ce le fut  tel une hirondelle 
Sans ailes. 
Dès lors, à la merci  
Des maladies, 
Et des thérapies, 
Tu sombras  
Droit, 
Vers la sénescence. 
 
Pour expliquer les rouages 
Qui s'enrayent avec l'âge. 
Délivrer des remèdes 
Naturels  mais qui aident, 
Ecouter  des  questions 
Qui trop tard  brilleront, 
La science fourmilière  
Fut avare et sectaire. 
 
Et  ta démarche pliée 
Fut bien  vite  oubliée, 
En dépit du bon sens, 
Du signe, de l'évidence, 
De l' appel à s'inquiéter, 
A  éventer, à alerter . 
 
Le mal te plissa, te ratatina, 
Te paralysa. 
Papa le premier, 
Désespéré, 
Te servit . 
Puis, 
Pour l'au-delà, 
D'un cancer foudroyé ,  
S'en alla. 
 
De sa mort, encore choqué, 
Il me revint de te soigner, 
De te choyer. 
La tâche fut rude, prenante. 
Déconcertante. 
 
Jours et nuits,  
A toutes heures, 
Tu m'appelais. 
Jours et nuits, 
A toutes heures, 
Je revenais. 
Pas toujours souriant, 
Pas toujours promptement. 
 
Pourtant,  plus que jamais, 
Telle que tu étais, 
Je t'aimais. 
 
Les années s'égrenaient. 
Apprendre, je le dus . 
Docteur,  infirmière, 
Cuisinier,   bricoleur, 
Comptable,  ménagère. 
A la fois, je le fus. 
 
Quant à mon vrai métier, 
Sans regret, je le quittai. 
 
Les derniers mois, 
Furent  les plus âcres. 
Ton corps croulait. 
Ta voix s'étranglait. 
Ta bouche crachait. 
Ta gorge gargouillait, 
Et, le plus âpre :   
Ton souffle cessait ! 
 
Mais   jamais, ou si peu, 
Et c'était prodigieux,  
Tu ne gémissais,  
Tu ne soupirais. 
Tu ne te plaignais. 
 
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page 2 
 
 
Chaque fois,  
Ce que je vivais,  
Ce que tu vivais, 
Me semblait le pire. 
Mais, de palier en palier, 
Tel un navire, 
Tu chavirais. 
Et chaque fois,  
Me gagnait 
La nostalgie du "pire" 
Qui précédait... 
 
Pour te servir, 
Choix ou époque, 
J'étais seul ou presque.  
Et parfois,  
De ne bien y parvenir, 
Et de te sentir sans hargne, 
Et de te voir me négliger, 
Je m'insurgeais. 
     
Fatigué, courbaturé, 
Agacé, désemparé, 
Je pestais contre toi ! 
Je pestais contre Dieu ! 
Je pestais contre l'humanité ! 
Contre  couches, radiateurs 
Et autres mouches du Progrès...      
 
Pourtant, la paix retrouvé, 
Le froid de l'hiver garotté, 
Le feu de l'amer étouffé, 
Fier, je redevenais !    
Oui, fier d'être ton serviteur. 
Et  longtemps  te garder, 
Je le voulais ! 
 
J'échaffaudais 
Maintes idées. 
Avant tout pour toi : 
Pour une santé meilleure, 
Pour un confort plus grand. 
Mais aussi  pour moi : 
Pour filer une ou deux heures 
Dans la claire montagne, 
Celle, justement, 
Qui se gagne. 
 
Je m'interrogeais : 
A quoi sert la déchéance 
Sans  réelle conscience? 
Quel est le sens 
De ce non-sens ? 
Qui est  le grabataire ? 
Toi qui ne te plains pas , 
Ou moi qui,  solitaire, 
Souffre pour toi ? 
L'Essentiel serait-il de m'oublier  
Pour,à  ta cause,  me vouer ? 
La souffrance 
Serait-elle Chance ? 
 
En vérité, 
Sur la terrasse au soleil,  
Face  au versant de Toureil, 
Ta présence 
Était ma récompense.  
- Poésie :"A Toi", page 2-
© 2009- Lilian Brunel; montagne-protection.org
 
 
 
                   
Pyrénées, Montagne menacée !
 
 
 
Sous Malbiou 
Jusqu'à nous, 
Coulaient les bruits 
De la vie. 
 
Je te fis écouter:  
Le tracteur de Michel*, 
Les brebis de Cribel, 
Le cri du pic-noir, 
La fauvette cavatinant, 
Et le merle mélodieux. 
 
Quant au corbeau criard, 
Chaque fois, tu me le décrétais: 
<< C'est signe de mauvais temps.>> 
Humble héritière du savoir de tes aïeux, 
Des bribes de ta mémoire revenaient. 
Quelque part,  
Tu revivais, tu revivais !... 
 
Le soir, 
Face à un écran, 
Assoupissant, 
Je me serrais contre ton coeur 
Contre  ta chaleur, 
Contre ton odeur, 
Tel un enfant,  
Ton enfant. 
 
Parfois, 
Comme autrefois, 
Me reprenait  
A tes côtés, 
La joie de chanter. 
Et quelquefois, 
De quelques mots cassés 
Tu m'accompagnais ! 
Alors,d'entrain  je redoublais.    
Alors,du  destin je riais. 
 
D'aucuns, par ton corps meurtri, 
Par  leurs  propres crédos, 
Voyaient en toi, une vieille mamie. 
Une pauvre femme. 
Moi,  par tes gestes, par tes mots, 
Par tes yeux lumineux, 
Par ton corps, par ton âme, 
Par tes rituels, 
Par tes  appels, 
Par ton simple goût de la vie, 
Je te voyais Toi,  
Animée d'une  lumière  
D'une jeune lumière, 
Que rien, ni le temps,ni les plaies, 
N'avait pu altérer.  
 
Souvent, sans raison, 
Sur tes joues, sur  ton front, 
Attendri,  aimanté,  
Je posais  des baisers. 
 
Oui, malgré l'adversité, 
Je vivais  une Vérité 
Que nul  ne saurait nier. 
Qu'aucune souillure, 
Qu'aucune torture, 
Ne saurait briser ! 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
*de Claude, de Jean-Luc 
 
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page 3 
 
 
Quant à mes mots coléreux,  
Des mots  de malheureux, 
Ils me dépitaient. 
Chaque fois, 
Je regrettais. 
Chaque fois, 
Je quêtais ton pardon.   
Chaque fois, 
Tu me le donnais. 
 
Mais parfois, peinée, 
Tu disais : 
"Tu m'en veux..." 
 
Alors, troublé, 
Du plus profond de mon coeur, 
Du plus profond de ma raison, 
Je te répondais : 
"Mais non, 
Je t'aime trop pour t'en vouloir." 
 
Et puis un jour noir de  pluies, 
Après deux urgences, 
Une ambulance,  
Et trois silences, 
Ta lumière s'éteignit. 
 
Moment si dur à croire 
Que l'on croit pouvoir, 
La tête broyée  
De mille larmes refoulées, 
Revivre le temps écoulé  
Pour en déceler les choix erronés, 
Pour en détourner l'âpre fatalité, 
Et de l'être aimé,oui, le ressusciter. 
 
Tes rides s'effacèrent, 
Et, comme libéré  
De mille tourments, 
Ton visage exprima, 
Étonnamment, 
Non une simple joie, 
Passagère, 
Mais de la Sérénité,  
De la  Jeunesse, 
De la Noblesse . 
 
En vérité, 
Semblait  t'accaparer, 
Te transfigurer, 
Une invisible réalité. 
 
Alors, en cette vaste humanité, 
Toi qui fus petite étoile ignorée, 
Toi, pour qui ma pensée ne cesse, 
Toi qui me demandais si je t'en voulais, 
Écoute bien, de là-haut, 
Ces quelques mots : 
 
Au sein même de notre détresse, 
De notre solitude, de notre petitesse, 
Pas même la plus belle des déesses, 
Le plus grand des bonheurs,  
La plus grande des richesses, 
N'auraient pu, en mon coeur,  
Te remplacer. 
 
Tu étais l'être que j'aimais le plus au monde. 
Tu étais ma mère. 
  
 
Ton fils, Lilian  
 
 
 
- Poésie :"A Toi", page 3 -
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